Image représentant une boite de médicaments.
Crédit photo : Vachagan Malkhasyan

Nous entendons beaucoup dans les médias parler de la chloroquine (Nivaquine), et de l’un de ses dérivés, l’hydroxychloroquine (Plaquénil) en tant que traitement contre le COVID-19.

Notre association a sollicité le Dr Christophe Orssaud, membre de notre comité médico-scientifique, pour connaître les éventuels effets de ces molécules sur les personnes souffrant de la N.O.H. de Leber ou encore de la maladie de Kjer (des maladies mitochondriales).

En résumé, le Dr Orssaud demande d’éviter absolument, comme pour toute la population, l’automédication. Il conseille également de mentionner, si un médecin vous propose un traitement par la molécule évoquée par de Dr Orssaud, que vous êtes concerné·e par une maladie mitochondriale.

Vous trouverez ci-dessous le texte que nous a transmis le Dr Orssaud. Nous le remercions sincèrement pour sa disponibilité.

Les recommandations du Dr Orssaud

Il n’existe pas à ce jour de traitement préventif ou curatif du Covid-19 ayant fait la preuve de son efficacité.

Une molécule fait beaucoup parler d’elle. Il s’agit de l’hydroxychloroquine, disponible sous certaines conditions en France sous le nom de Plaquénil.

Différents travaux ont été réalisés “dans l’urgence” par plusieurs équipes dans le monde, y compris à Marseille par le Pr Raoult. Si les différentes publications laissent penser que cette molécule pourrait avoir un effet bénéfique, les méthodologies utilisées pour réaliser ces études posent problème. Aucune de ces études ne permet d’avoir de certitude quant au bénéfice de ce traitement qui présente par ailleurs des effets secondaires non négligeables.

Les travaux du Pr Raoult tendent à prouver que l’hydroxychloroquine puisse diminuer la quantité de virus présent dans l’organisme (ce qui est appelé la “charge virale”). Mais, il n’est pas certain qu’il existe une corrélation entre cette charge virale et la gravité de l’infection par Covid-19. De plus, sa série est peu importante avec un nombre non négligeable de patients qu’il n’a pas pu suivre assez longtemps. Un possible rôle “préventif” d’un traitement par le Plaquénil n’est donc pas certain.

Par contre, il est connu depuis longtemps que le Plaquénil puisse donner des troubles cardiaques graves, potentiellement mortels, chez des patients présentant une anomalie sur l’électrocardiogramme. D’autres effets, notamment musculaires ont été rapportés. Enfin, quelques études tendent à montrer que l’hydroxychloroquine pourrait altérer le fonctionnement de la mitochondrie.

Les complications oculaires de ce traitement sont négligeables ici puisqu’elles elles surviennent après plusieurs mois de traitement (celui-ci ne dépasse pas 2 à 3 semaines dans le cadre du Covid-19). De plus, ces complications oculaires portent sur la rétine et ne concernent donc pas le nerf optique.

À la vue de toutes ces données scientifiques et cliniques, le Haut Conseil de Santé Publique a faitdes recommandations concernant l’utilisation de l’hydroxychloroquine dans le cadre de l’épidémie de Covid-19. En traitement curatif, la prescription de Plaquenil ne peut être envisagée qu’en cas de détresse respiratoire aïgue chez des patients hospitalisés et nécessitant une ventilation. Ce traitement peut éventuellement être associé à des molécules antivirales dont l’intérêt n’a pas été totalement prouvé dans cette indication, mais qui semblent apporter un bénéfice. Par contre, le Haut Conseil de Santé Publique considère comme souhaitable l’utilisation du Plaquénil à titre préventif.

Le décret publié hier par le Premier Ministre laisse une plus grande latitude aux équipes médicales impliquées dans la lutte contre le Covid-19 puisqu’il est admis que  » l’hydroxychloroquine et l’association lopinavir/ritonavir peuvent être prescrits, dispensés et administrés sous la responsabilité d’un médecin aux patients atteints par le covid-19, dans les établissements de santé qui les prennent en charge, ainsi que, pour la poursuite de leur traitement si leur état le permet et sur autorisation du prescripteur initial, à domicile ».

Au total, l’utilisation de Plaquénil dans le cadre du traitement du Covid-19 ne peut se faire qu’après prescription médicale, après qu’ait été pesé les bénéfices attendus et les éventuels risques. Du fait des éventuels risques de ce traitement, surtout s’il est envisagé à titre préventif, il faut signaler aux médecins vous prenant en charge l’existence d’une pathologie mitochondriale (neuropathie optiques de Leber) car cela peut modifier cette balance bénéfice / risque compte tenu des données scientifiques actuelles.

L’application des gestes barrières et le confinement restent à ce jour les meilleures méthodes permettant de lutter contre la propagation du Covid-19 et d’éviter d’être contaminé.

Dr C. ORSSAUD

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